Du privilège d'être blanc en Corée du Sud : "Du travail de Blancs" (épisode 4/5)

Publié le par Nicolas

Cette série d'articles comporte 5 volets qui seront publiés chaque dimanche à 11h du 3 au 31 mai 2020. Elle fera aussi l'objet d'une lecture par l'auteur sur le podcast De la friture sur les ondes dans le courant du mois de mai.

Lire l'épisode précédent.

La chaîne de boulangerie industrielle "Paris Baguette" est la plus importante de Corée du Sud.

La chaîne de boulangerie industrielle "Paris Baguette" est la plus importante de Corée du Sud.

Je suis un homme blanc, cissexuel, hétérosexuel de nationalité française. Entre septembre 2013 et mars 2015, j'ai vécu en Corée du Sud avec ma compagne, adoptée française d'origine sud-coréenne, qui a fait en sorte de pouvoir retourner  vivre pour une courte durée, dans le pays qui l'a vu naître. J'ai donc été ce que l'on appelle un "expatrié", puisque c'est ainsi que l'on nomme les Blancs qui émigrent.




Quatrième partie :
Du travail de Blancs


 


Très vite après notre arrivée s'est posée la question de gagner un peu d'argent pour ne pas fonctionner exclusivement sur nos économies. Dès la mi-septembre, nous avions trouvé un système pour étudier le matin et gagner un peu d'argent l'après-midi. Une fois les cours de coréen achevés vers midi, Joohee et moi prenions le métro pour aller, chacun de notre côté, donner des cours particuliers de français à domicile ou dans des cafés. Commencer à travailler dès la mi-septembre ne signifiait pas seulement que nous avions besoin de travailler rapidement mais également que nous avions réussi à trouver du travail tout aussi rapidement. Certes, celui-ci était informel. Néanmoins, c'est autant le privilège blanc (dans mon cas) que le privilège d'être français qui nous a servi à glaner rapidement un revenu. En Corée du Sud, la France jouit en effet d'un soft power puissant, construit essentiellement autour de la culture, des arts, de la gastronomie, et du rayonnement symbolique de sa capitale, destination privilégiée par les jeunes mariés. La principale chaîne de boulangerie industrielle du pays (dont vous trouvez une franchise à peu près tous les 300 mètres) s'appelle Paris Baguette et son principal concurrent se nomme Tous les jours (en français sur les devantures). Pour ce qui est des "institutions culturelles", nous avons un jour aperçu en pleine rue une publicité pour le musée du Louvre... situé à quelques 9000 kilomètres de là où nous nous trouvions.

Beaucoup de nos apprenant-es étaient des étudiant-es préparant un voyage d'étude dans l'hexagone. D'autres étaient des expatriés de différentes nationalités (un couple d'américains, un irlandais, une hongkongaise...) ou de riches coréens préparant un voyage en France ou occupant tout simplement leur temps libre. Dans tous les cas, le français était perçu comme une langue suffisamment légitime pour que des individus d'âges variés y consacrent du temps et de l'argent. Même s'il s'agissait là d'un travail non déclaré, nous avons pu subvenir à nos besoins pendant presque 17 mois en nous reposant principalement sur cette activité. Bien que française à part entière, Joohee a eu néanmoins plus de mal à pratiquer ce « petit boulot » avec autant de régularité que moi. La principale raison à cela est à chercher du côté de son allergie aux riches (une part non négligeable de notre « clientèle »), à leurs manières et à leurs exigences. Il y avait en effet une violence symbolique importante à pénétrer dans certaines bâtisses luxueuses, parfois abritées derrière de hauts murs, perchées sur les hauteurs des beaux quartiers. A de nombreux égards, ces maisons ressemblaient à celles du film « Parasite ».

Au fil de ces expériences, la question de la légitimité à enseigner le français ou plutôt à incarner une certaine image du prof de français s'est révélée être un vrai sujet d'interrogation pour Joohee. Les doutes parfois projetés sur ses compétences à enseigner le français en tant que femme asiatique pouvaient provoquer chez elle un certain malaise (qu'on pourrait appeler aussi "charge raciale" (1)) qui l'amenait parfois à renoncer à donner certains cours. Ce n'était pas mon cas et sans ses questionnements, ces problématiques ne seraient sans doute jamais apparues sur mes radars. Même si la société française est de longue date multiraciale, ses principaux ambassadeurs demeurent largement blancs (hommes politiques, acteurs, artistes, etc.). En découle pour les français blancs le privilège d'être perçus comme des représentants dont on ne questionnera jamais la nationalité revendiquée. Dans mon cas, cela a induit un confort mental offert par ma blanchité, ainsi que la garantie que mes compétences ne seraient jamais remises en cause. Et les diplômes dans tout ça? Dans notre cas, ils se sont effacés derrière la race sociale car, ironie de l'histoire, si je n'étais qu'étudiant au moment de notre séjour, Joohee, elle, était déjà professeure certifiée de lettres.


Du privilège blanc à la négrophobie

D'autres personnes racisées que nous avons rencontrées nous ont fait part d'expériences similaires. A commencer par une de nos colocataires originaire du Zimbabwe (nous sommes restés en colocation très peu de temps au début de notre séjour). Alors que les cours du soir, dispensés dans des académies privées, constituent une industrie extrêmement développée en Corée du sud, notre colocataire témoignait de sa grande difficulté à s'y faire embaucher, bien que l'anglais soit sa langue maternelle. Elle était venue en Corée du sud en tant qu'employée pour son ambassade, mais cherchait à compléter ses revenus. Elle nous expliquait que la discrimination prenait des formes explicites dans certaines annonces postées en ligne dont la plupart formulaient un recrutement restreint  « aux ressortissants du Royaume-Uni, d'Irlande, des Etats-Unis, du Canada, d'Australie ou d'Afrique du sud ». Par ailleurs, cette colocataire ne sortait presque jamais de sa chambre et y restait enfermée à longueur de journées, comme si elle cherchait à limiter ses interactions avec le monde extérieur. A travers les murs, on l'entendait régulièrement discuter sur Skype avec ses proches... en anglais.

Plus tard, un étudiant américain qui prenait avec nous des cours du soir, nous a raconté une mésaventure du même type. Cet étudiant était métisse e
t, dans certaines circonstances, il bénéficiait d'un "white pass" (2). D'ailleurs, pour l'anecdote, comme nous étions en hiver la première fois que nous l'avons rencontré, et qu'il portait un bonnet, nous avions d'abord cru avec Joohee, qu'il était blanc. C'est le même genre de prise de conscience qui était à l'origine d'une déconvenue qu'il avait subie. En se présentant pour un travail de prof, l'entretien s'était brusquement achevé au moment, précisément, où il avait retiré son bonnet. Si mes souvenirs sont bons, la personne lui aurait même fermé la porte au nez.

Des adoptés sud-coréens, pourtant de nationalité américaine et donc éligibles à ce type de postes, ont subi des discriminations similaires. On imagine la violence provoquée par de tels refus : ces adopté-es n'étaient ni assez coréen pour évoluer librement dans le pays qui les a vu naître, ni assez américain pour espérer faire valoir ce qu'ils avaient hérité de leur migration forcée. Une condamnation de facto à une forme de double absence (3) et à ses vides identitaires. Quel rapport avec le privilège blanc ? S'il existe des personnes discriminées de manière systématique, c'est que le groupe « de référence » (celui qu'on oublie généralement de nommer : le groupe des blancs) profite, lui, automatiquement de privilèges. Ne serait-ce qu'en accédant aux emplois laissés vacants par la pratique de la discrimination à l'embauche.


Exemption et récompense

Si cela n'est toujours pas clair, alors je peux de nouveau recourir à mon expérience personnelle. Comme nous n'étions pas non plus des « english native speakers », les postes de profs d'anglais nous étaient totalement inaccessibles à Joohee et à moi. C'était pourtant de loin les mieux rémunérés. Allez faire un tour dans la section "emploi" de Craigslist (un site de petites annonces en tous genres, rédigées en anglais)  : n'importe quel locuteur natif, ressortissant d'un des pays énumérés plus haut, peut se faire embaucher 4 ou 5 fois en une seule journée, quel que soit son âge ou son niveau de qualification. Il bénéficiera alors d'un contrat en bonne et due forme et d'un salaire supérieur à ses collègues sud-coréens exerçant le même métier et ayant fait des études pour y parvenir. En Corée du sud, il existe même un type de visa spécial réservé aux profs d'anglais : le visa E-2. La plupart des employeurs prennent d'ailleurs en charge un billet d'avion aller/retour avec le pays d'origine. Je ne me plains pas car, en tant que français je n'étais pas en reste. Les privilèges afférant à la médaille d'argent des nations impérialistes ne sont pas mal non plus.

Ne pouvant postuler aux emplois de prof les mieux rémunérés, je me suis retrouvé embauché par une association/entreprise pour le fameux programme de « Cultural teaching » auquel j'ai fait allusion dans l'épisode 3. Il consistait à intervenir de manière hebdomadaire dans des écoles de la métropole Séoulite (et parfois même jusqu'à Incheon, troisième plus grande ville du pays). Il fallait souvent faire entre 1h et 2h de transport en commun pour pouvoir se rendre dans les écoles participant au programme. En fait, le principal avantage de ce job demeurait dans la garantie d'une régularité des revenus. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai signé, les étudiants en cours particuliers ayant une fâcheuse tendance à décommander à la dernière minute. Évidemment, aucun prof anglophone ne participait à ce programme. Pour eux, il y avait bien mieux ailleurs. Par contre, la majorité de mes collègues étaient des ressortissants africains. Beaucoup étaient francophones d'ailleurs, même si leur maîtrise du coréen était telle que je ne m'en rendais parfois même pas compte : avec leur très bon niveau, ils préféraient interagir en coréen lors des réunions d'équipe.

Je n'ai pas participé très longtemps à ce programme parce que l'expiration de mon visa
Working Holiday m'a obligé à démissionner. Néanmoins deux choses me restent en tête. Lors de mon entretien d'embauche, à moitié en anglais, à 10% en coréen et le reste en mimes, les patrons m'ont précisé qu'une des consignes données aux professeurs était de se présenter « en costume traditionnel » dans les écoles. Ce sur quoi, ils se sont immédiatement empressés d'ajouter : « évidemment, cela ne vous concerne pas. Il n'y a pas de costume traditionnel en France ». J'ai trouvé cette remarque symptomatique des processus de folklorisation, qui, encore une fois, m'épargnaient, moi, français et blanc. Pour obtenir une visibilité, les peuples du Sud global, sont régulièrement  sommées de performer leurs « traditions » passées ... et de s'y tenir. A l'inverse, la France, en tant que nation occidentale « moderne » était, elle, perçue comme « neutre », expurgée de ses particularismes. Avec donc, pour moi, la possibilité de me présenter face aux enfants dans la tenue de mon choix.

Par esprit de contradiction, je me suis mis un point d'honneur à trouver une marinière, des bretelles et un béret pour me construire moi aussi un « costume traditionnel ». Mes parents m'ont donc envoyé ça par la poste, en colis express.

 

Ma tenue de travail en costume traditionnel.

Ma tenue de travail en costume traditionnel.

Petite remarque au passage. Si l'on se rappelle mon raisonnement, quelques lignes plus hauts, sur le fait d'être perçu comme un « ambassadeur » de son pays d'origine lorsqu'on enseigne à l'étranger, il est clair que ce job en était l'expression paroxysmique. Dès lors, et c'est elle qui m'en a fait la remarque, il est évident que, pour Joohee, il n'était même pas question de postuler à ce job de french cultural teacher.

J'ai la quasi certitude que mon privilège blanc s'est manifesté à au moins une autre reprise au cours de ma participation à ce programme. Nos interventions dans les écoles se déroulaient par cycles de 6 semaines. Au bout de 6 semaines, tous les « professeurs » recevaient une évaluation de la part des écoles dans lesquelles ils étaient intervenus. Parmi ceux qui obtenaient 100% d'évaluation positive dans TOUTES les écoles où ils étaient passés, la direction en choisissait 3 à qui elle distribuait des primes de 70 000 wons (environ 70 euros, soit un peu plus que pour une matinée d'intervention), en réunion plénière, tout en faisant applaudir les heureux élus. J'ai reçu cette prime dès la fin du premier cycle auquel j'ai participé. J'ai entendu des collègues exprimer à voix haute leur incompréhension. Et pour cause. D'une part, la plupart d'entre eux devaient obtenir 100% de satisfaction sur plusieurs cycles consécutifs avant de pouvoir prétendre à la prime (ce qui n'était donc pas mon cas). D'autre part, prudent comme je suis, j'avais fait le choix d'intervenir dans 3 écoles par semaine pour commencer, là où certains collègues intervenaient tous les jours du lundi au vendredi. Il est évident qu'il est plus « méritoire » (si tant est que ce terme ait un sens) d'obtenir 5 fois la note maximale, plutôt que 3.


La blanchité comme propulseur de carrière

Ces exemples de situations personnelles sont déjà suffisamment parlants. Ils permettent de prendre conscience du fait qu'en matière de privilèges, il y a une partie dont on hérite malgré soi, et une autre que l'on active en connaissance de cause. Après tout, cette prime de 70 000 wons, j'aurais pu la refuser. Je ne l'ai pas fait. Et nous sommes allés le soir même la dépenser dans un restaurant de Hongdae avec Joohee.

En Corée du Sud, certain-es Blanc-hes vont bien au-delà et font le choix d'activer les privilèges liés à leur blanchité et à leur pays d'origine pour bâtir des carrières médiatiques et développer des stratégies rémunératrices d'appropriation culturelle (4). C'est le cas par exemple de la normande Ida Daussy, figure médiatique extrêmement connue en Corée du Sud. Elle atterrit en Corée du Sud au début des années 1990 dans le cadre d'une maîtrise de commerce international, se maintient sur place en tant que prof de français, se marie une première fois à un Coréen et finit par débarquer à la télé en 1995 sur la chaîne KBS, où on lui demande de parler de son couple international. Malgré son faible niveau en coréen à l'époque, Ida Daussy s'est fait remarquer par les médias sud-coréens grâce à ses « Olalala ! » et ses intonations qui font d'elle une frenchie "typique". Un an plus tard, elle joue son propre rôle dans un drama (sitcom coréen). En 1997, elle est chroniqueuse régulière dans au moins 5 émissions de divertissement différentes. Performer sa francité, et ce d'autant plus que l'on a le privilège d'être blanche : il n'en faut pas plus pour se transformer en VRP des émissions de divertissement et des annonceurs publicitaires. En 2005, Ida Daussy reçoit d'ailleurs le prix "image de la France", remis au Sénat  par l'association "Femmes 3000".

Même trajectoire pour l'italienne Cristina Confalonieri, transformée en chroniqueuse télé multitâche (commentaires d'actualité, mode, cuisine, restaurants) et égérie des publicités grâce à son identité singulière. Lorsqu'elle s'exprime en coréen, celle qui se fait appeler uniquement par son prénom,  hurle et emprunte une voix nasillarde (jugez plutôt). Bancable : la voilà l'invitée de tous les plateaux. Lorsqu'elle intervient dans des émissions sud-coréennes de divertissement, vous pouvez être sûrs qu'une partie de la discussion tournera autour de la question « Cristina fait-elle exprès de s'exprimer comme cela? ». Nous l'avons rencontrée un jour dans un centre de ressources pour expatrié-es pour lequel elle travaillait : la réponse est oui. Et c'est pathétique.

Cristina Confalonieri dans une publicité pour des cosmétiques naturels

Cristina Confalonieri dans une publicité pour des cosmétiques naturels

Il suffit donc d'un peu de jugeote, de réseau et de quelques bases en coréen pour tirer profit du prestige dont bénéficie l'Europe dans cette partie du globe. Mais il faut également un ingrédient indispensable : la blanchité, qui fait de vous l'ambassadeur médiatique conforme aux représentations dominantes. On pourrait objecter que le privilège blanc n'a rien à voir là-dedans, que malgré leur superficialité propre aux carrières du show-business, ces exemples sont le fruit d'une attirance des sud-coréens pour « l'étranger ». Ce serait oublier que tous les pays du monde ne sont pas égaux du point de vue de l'intérêt qu'on leur porte. Ce serait oublier surtout que dans les deux exemples développés ci-dessus (toutes nos excuses à Ida et Cristina, il y en a de nombreux autres), on voit se développer le schéma inverse de ce que nous, en Occident, attendons des étrangers lorsqu'ils arrivent chez nous : discrétion et assimilation. Personne n'a fait carrière dans l'univers médiatique français en parlant de bulgogi ou en donnant la recette du mafé. Le rapport de prestige symbolique est encore une fois asymétrique et ouvre en grand la possibilité de construire ce type de carrière à moindre frais. Avec la possibilité en retour, après quelques années passées à se bâtir une renommée hors de France, d'escompter quelques subsidiaires profits dans notre pays d'origine en vendant, au hasard, des recettes de cuisine en français (une forme de pillage mercantile qui relève de l'appropriation culturelle la plus évidente) ou des retours d'expérience qui imitent les formes de la sociologie pour parler de la société sud-coréenne. A ce degré de visibilité et même par simple opportunisme, ces starlettes blanches du petit écran sud-coréen viennent consolider des stéréotypes et des privilèges dont d'autres communautés de migrant-es sont dépourvues.

Moralité : que l'on s'appelle Ida, Cristina ou Nicolas, la blanchité s'avère parfois être l'atout déterminant dont vous avez besoin pour travailler en tant qu'expatrié-e.


Fin de la quatrième partie.
 

Lire la cinquième et dernière partie.


 Notes de bas de page

(1) Il est possible de définir la charge raciale comme la charge mentale propre aux personnes racisées et liée à leurs efforts constants pour échapper aux stéréotypes afférant à leur race sociale (surveiller leur look, leur manière de parler, d'interagir avec les représentants de l'autorité, de circuler dans l'espace public, d'exprimer leurs émotions, etc. etc.)

(2) C'est-à-dire de certaines caractéristiques physiques lui permettant de passer pour un Blanc dans certains contextes.

(3) J'emprunte l'expression de "double absence" au sociologue des migrations Abdelmalek Sayad qui l'utilise dans un sens légèrement différent pour parler des immigrés nord-africains de première génération en France. Lire notamment, La double absence, Des illusions de l'émigré aux souffrances de l'immigré (Seuil, 1999).

(4) Pour une définition politique et décoloniale de ce concept, je conseille la lecture du livre de Rodney William qui vient de paraître aux éditions Anacaona (2020).

Publié dans Feux croisés

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I
Nicolas,<br /> <br /> J’attendais un mail de réponse à mon premier message et je viens de découvrir, en repassant sur ton blog pour me plaindre de ton silence, que tu m’as répondu en ligne. Je viens donc tout juste de lire un peu tard ta réponse et constate du même coup que peu de gens passent finalement sur ton site… Aucun autre commentaire, pas de suivi ni de réaction. Ton coin du net est résolument bien isolé Nicolas. Cela me rassure un peu.<br /> À la lecture de ta réponse, pas d’excuse de ta part (le contraire m’eut étonnée !) et le ton de ta tirade reste comme la plupart de tes écrits, péremptoire et insolent. Pas de surprise donc. En avant donc pour une dernière réponse ; tu es fatigant et décevant. Je comprends que cette discussion ne mènera nulle part :<br /> Concernant ta requête de vouvoiement, je n’y suis, de loin, pas favorable. Je n’en vois ni l’utilité ni surtout la légitimité. Tu as ce que tu mérites. Dois-je te rappeler que c’est toi, en premier lieu qui m’a férocement manqué de respect, et ce, de manière totalement arbitraire et gratuite à travers tes écrits publics ? Et tu me demandes maintenant de te faire montre d’un tant soit peu de respect en te vouvoyant ? Mais Nicolas, tu n’es pas ici dans ta classe et je ne suis pas l’une de tes petites lycéennes ou collégiennes que tu peux à tout moment rappeler à l’ordre pour insubordination ! Tu y vois une marque de condescendance de ma part ? Avoue que c’est de bonne guerre ! Toi qui cites Simone de Beauvoir dans ta petite conclusion, tu dois être bien placé pour savoir qu’elle a aussi affirmé que « personne n’est plus arrogant envers les femmes, plus agressif ou méprisant, qu’un homme inquiet pour sa virilité » ! C’est à ce titre que je t’apostrophais dans mon premier message en réponse à tes écrits! Pourquoi tant de limite dans tes ”exemples choisis” et si peu de d’objectivité et de recherche pour illustrer un sujet aussi lourd que « du privilège d’être blanc »… ??<br /> Tu avoues toi-même avoir « mis du temps et eu des difficultés » à écrire cette série d’articles et sache que cela se sent. Le style est fluide et assez éloquent mais l’ensemble reste au final creux et vide de sens, faute de recherches et d’analyses réelles. <br /> Venons-en à ma soit disant « difficulté » à penser ou objectiver ma « blanchité » ». De contradiction dans mes propos, comme tu l’affirmes, il n’y a pas ! Je nuançais juste la situation de fait que tu ne connais manifestement pas. Dans son livre Whiteness: an introduction, Routledge, 2007 dédié au concept, le sociologue Steve Garner définit la blanchité comme « l’hégémonie sociale, culturelle et politique blanche à laquelle sont confrontées les minorités ethnoraciales, aussi bien qu’un mode de problématisation des rapports sociaux de race. » Le concept existe, je ne le nie pas mais il ne s’applique en aucune manière de manière aussi implacable en Corée. La situation est autrement plus nuancée et délicate ici. Je te reproche là encore ton manque de discernement, de recherches et d’objectivité concernant une société complexe.<br /> Or, je le répète, je l’ai moi-même écrit : S’il est vrai qu’il est beaucoup plus facile d’être un immigré blanc – et pour les métis, avoir un parent blanc - pour vivre et entreprendre en Corée, cela n’est nullement un gage de réussite systématique. La société coréenne reste foncièrement ethnocentrée et les élans de xénophobie envers «tout » étranger restent d’actualité. En tout cas , il est absolument impossible ici de parler d’hégémonie sociale « des blancs » au pays du matin calme ! Ni en nombre d’immigrants (ils sont loin d’être la communauté migrante dominante) ni en termes de réussite sociale par rapport aux autres migrants ! Même s’il est vrai que les travailleurs immigrés d’Asie du Sud-Est ou de Chine sont très nombreux dans les usines et manufactures ou encore dans les domaines du bâtiment ou de la pêche de Corée du sud, à contrario, les jeunes gens de couleurs issus de l’immigration en Corée que je citais dans mon dernier message sont aussi, pour certains, de grands entrepreneurs à succès ! (Pour contrer mes exemples, ne résume pas là non plus ces cas à l’exemple de Sam Okyere et sa pub pour le chocolat ! Les cas sont nombreux et variés! Nuance!). Quid encore du racisme féroce dont sont très souvent victimes les jeunes filles « blanches » venues de Russie ou des pays de l’Est en Corée ? Si certaines réussissent ici à se réaliser professionnellement, elles n’en restent pas moins, ab nihilo, souvent tristement victimes des plus vils préjugés qui soient, toutes blanches soient-elles ! Et note en passant qu’aucune de celles qui ont travaillé pour les médias n’a eu la carrière que j’ai pu avoir quand bien même tu persistes à supputer que je ne dois ma réussite qu’à ma couleur de peau !<br /> Nicolas, tant que tu basais tes écrits sur des articles de la presse coréenne en anglais, ta tribune pouvait faire sens et éclairer certains. Les sources sont en place sur ton blog et c’est tout à ton honneur. Mais depuis que tu pars en roue libre sur des billets d’humeur basés sur tes vagues souvenirs de court séjour en Corée il y a cinq ans, le tout étayé de tes verbiages et états d’âme du moment, tu te perds ! Alors, c’est ton blog, tu es libre au regard de la liberté d’expression mais n’éborgne pas les autres au passage en usant à tort et à travers de de jugements de valeur à l’emporte-pièce ou de « name dropping » pour légitimer ta prose. Tu n’ as ni la carrure, ni la culture d’un spécialiste du pays ! <br /> Un dernier exemple pour la route ? <br /> Le 5ème de tes volets présomptueusement titré « L’histoire qui nous arrange » témoigne de manière flagrante de ton manque de culture générale concernant le sujet abordé. Au bout de deux lignes, tu es déjà hors sujet : <br /> Tu affirmes, lors de ta visite sur l’île Kangwa : « J'ai découvert durant mon séjour en Corée du Sud que la France avait eu des velléités d'incursion coloniale en Corée au XIXe siècle. » Non ! Ne ré-écris pas l’histoire Nicolas! Le sens des mots est important et nous sommes ici loin des faits ! Cette expédition en Corée du contre-amiral Roze en 1866 n’était ni une « incursion coloniale », ni même « une guerre » mais plutôt une attaque d’origine religieuse à caractère punitif suite à l’assassinat en Corée de nombreux missionnaires !...Renseigne-toi! Les choses sont autrement plus complexes que cela… Ou alors re-titre ton article: « L’histoire qui m’arrange » et on te laisse bafouiller en paix ! <br /> Enfin, cesse donc de croire, prétentieux que tu es, que ce sont peut-être très propos soi-disant « hétérodoxes » qui déstabilisent parfois tes rares lecteurs…Tu t’enflammes Nicolas (et prends au passage une fois de plus les gens pour des cons !) L’anticonformisme est en général une posture que j’affectionne et que je trouve courageuse. Mais l’usage récurrent que tu en fais n’est-il pas au final qu’une forme de « conformisme de subversion » comme le définissait le philosophe Pascal Bruckner ? <br /> Je passe mon chemin jeune homme, sachant pertinemment que cette discussion ne mènera nulle part. Et vu la piètre qualité de tes écrits et surtout « ton aura » sur le net, tes rares lecteurs auront tôt fait de faire la part des choses. Malgré ton insolence à mon égard, je ne risque finalement, pas grand-chose…<br /> Ida Daussy - Seoul - 1er juillet 2020.<br /> (Mais auras-tu seulement le courage de publier ma réponse ?)
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I
Nicolas… <br /> Je m’offre là un droit de réponse à (non par « ton article » ; ce serait accorder un peu d’importance à tes élucubrations, somme toute, bien écrites mais hélas criblées d’erreurs de jugement, de TANT de lacunes, de lieux communs et de subjectivité énervée ) tes « verbiages » dirais-je donc, de jeune bobo (prof de formation, d’après ce que je comprends) « expatrié » un temps et qui se prend depuis, pour un grand spécialiste ès-Corée après deux ans de vie locale, probablement entre Hongdae et Itaewon… <br /> Tu publies, caché derrière ton écran, masqué sur tes photos, sans même avoir le courage de tes opinions, ne signant légèrement l’ensemble que de ton prénom…comme un gosse irresponsable. Pour le jeune adulte que tu es, cela n’en reste pas moins lâche et veule.<br /> Nicolas…Pourquoi moi ? Pourquoi tant de haine, tant de hargne ? <br /> Tu expliques dans la rubrique « à propos » de ton blog que les commentaires concernant ta prose « sont modérés a-priori afin d'éviter en amont tout bavardage inutile et tout propos fâcheux qui exposeraient les auteur-es de ce blog » (À la base, tu devais bien t’attendre à quelques paires de claques pour mettre en place ce genre de garde-fou); et dans le même temps, tu m’exposes, moi, dans tes propres bavardages, m’insultes sur la place publique à travers tes derniers délires sur la Corée sans me laisser le droit de modérer quoique ce soit !?<br /> Tu ne me connais pas et n’as même pas fait l’effort, d’après ce que je lis, de le faire malgré les multiples contenus qui me concernent sur le net ou même simplement à travers la lecture de mes huit ouvrages… Pourquoi tant de sévérité?<br /> De la jalousie pure et simple ? Une frustration quelconque ? Ton récent confinement t’est monté à la tête ? Un problème avec les femmes ?? Avec les femmes dont le prénom se termine par un « a » (Christina n’a rien demandé non plus et n’est pas la femme que tu décris dans tes publications publiques et pourtant si insultantes )?? <br /> Nicolas, sérieusement, tu dis être dans cette dernière série d’écrits, un « homme blanc, cissexuel, hétérosexuel de nationalité française. » Tu affirmes avoir, « entre septembre 2013 et mars 2015, vécu en Corée du Sud avec ta compagne, adoptée française d'origine sud-coréenne, qui a fait en sorte de pouvoir retourner vivre pour une courte durée, dans le pays qui l'a vu naître. Tu as donc été ce que l'on appelle un "expatrié", puisque c'est ainsi que l'on nomme les Blancs qui émigrent » répètes-tu à longueur de publications… Sur cette dernière série de 5 volets, Joohee ne te sert au final que de faire-valoir d’origine coréenne et de pratique prétexte pour jacasser sur votre séjour déjà lointain! Ton expérience concernant la Corée commence à dater et tes propos récents manquent clairement de corps et de saveur. On perçoit une certaine frustration. Ça sent la hargne, l’ennui et le mépris. Je suis déjà passée par votre blog pour lire la (bonne) traduction par Joohee justement de l’article « A silent sacrifice, a human cost » paru dans la revue GrooveKorea en septembre 2014 . Depuis, je n’ai pas lu toutes vos publications mais cette dernière de 5 articles est à vomir de bêtises, d’incorrections et confite de lieux communs. Comme je l’ai déjà dit plus haut, franchement, seul ton style t’honore un peu. <br /> Tu parles de moi dans ton 4ème volet « Du privilège d'être blanc en Corée du Sud : "Du travail de Blancs" » dans le paragraphe « la blanchité comme propulseur de carrière ». Je comprends en le lisant que tu as, comme tu le dis si bien tout en crachant dans la soupe, largement profité du concept que tu décris ou composes.<br /> Ce que je te reproche : De m’avoir citée dans ton torchon de manière diffamatoire. Tu as de plus tronqué mon parcours de 15 années de carrière et d’accomplissements (tu arrêtes tes recherches en 2005 !) me taxant de « starlette » qui a fait « le choix d'activer les privilèges liés à [sa] blanchité et à [son] pays d'origine pour bâtir une carrière médiatique et développer une stratégie rémunératrice d'appropriation culturelle ». C’est férocement résumer à bien peu de choses une carrière de presque 30 ans dans les médias locaux et le milieu de l’entreprise ! Que t’ai-je donc fait pour mériter un tel jugement ?<br /> Je suis venue ici quelques diplômes en poche et passionnée de Corée. Je n’avais pas prévu de passer la plus grande partie de ma vie ici et surtout pas mis en place de quelconque « stratégie » pour travailler dans les médias. Le hasard des rencontres, des opportunités et certainement aussi ma personnalité ont fait le reste. Tu as toi, bien profité du système et de tes « privilèges de blanc» en prenant tout ce que tu as pu pour finalement tout critiquer à posteriori et surtout « te tirer avec la caisse ». Moi, la Corée, c’est ma passion et j’y suis restée depuis 29 ans, en ai obtenu la nationalité, y ai même mélangé mes gènes. Même si, comme tu le dis si bien, j’ai probablement bénéficié, grâce à mes origines française et caucasienne (je le sais et le dis moi-même dans mon dernier livre !), de la bienveillance du public à mes débuts dans les médias, sincèrement Nicolas, crois-tu les Coréens assez stupides pour se satisfaire pendant 30 ans de ma bouille de frenchie et des « Olala »de mes premières apparitions ? (Je note d’ailleurs à ce titre, une fâcheuse tendance de ta part à critiquer et prendre les gens qui t’entourent pour des cons ; tous ! au gré de tes affabulations vides de faits, de chiffres et de données vérifiées).<br /> J’ai énormément travaillé pour la Corée, ma passion. J’ai aussi à ce titre aussi été décorée par le Président de la République pour mon travail de conseillère en marketing pour redorer l’image de la police nationale ; décorée par deux fois encore par le ministère du tourisme pour mon engagement pour le développement du tourisme en Corée. À travers les médias, ce ne sont certainement pas quelques commentaires sur le coq au vin ou les escargots qui m’ont fait rester si longtemps en place. J’ai aussi plus récemment contribué en tant que consultante officielle au contrôle de la qualité des programmes de la chaîne KBS pour notamment des sujets aussi délicats que le respect de l’image de la femme ou des communautés sociales minoritaires dans les médias. Actuellement, sache que je ne me « maintiens [pas] sur place en tant que prof de français » comme tu l’écris bien méchamment mais travaille toujours pour les médias locaux, je suis encore professeure pour l’université féminine Sookmyung et administratrice de la FKCCI. J’ai publié pas moins de huit ouvrages en 29 ans dont deux en France et en français. Le dernier, que tu n’as manifestement pas lu date de 2019 ! « Corée à cœur » aux éditions de l’atelier des cahiers. Je n’y parle pas non plus de gastronomie française !<br /> Il est certes, comme tu le dis, beaucoup plus facile d’être « blanc » pour vivre et travailler en Corée. Mais actuellement le pays change et les courants migratoires se font doucement plus denses. Conséquemment, le paysage audiovisuel évolue lui aussi et de nombreuses « nouvelles stars étrangères » d’horizons divers percent dans les médias ! Timothy Ochuba du Nigeria dès les années 2000, Sam Okyere d’origine Ghanéenne plus récemment, Lucky, d’Inde, Laure Mafo française d’origine camerounaise, jeune chanteuse de pansori…. Mais Nicolas, dans quelle grotte vis-tu ? Toi qui écris sur la Corée, comment se fait-il que tu n’aies jamais entendu parler de ces gens, de ces faits qui contrarient largement tes bafouillages ! Et c’est sur ce genre de lacunes ou de raccourcis qu’on voit que tu ne connais rien ou pas grand-chose à ton sujet! <br /> Enfin, si effectivement, « être blanc » peut être un atout pour commencer quelque chose en Corée, sache que nous n’en restons pas moins ici, comme partout, des «étrangers», même naturalisés. Et comme tu l’as, pour cette fois judicieusement souligné, la Corée est aussi le théâtre de discriminations féroces pour tout ce qui n’est pas coréen justement… Alors, j’ai beau être « blanche », j’ai moi aussi au cours de ma vie en Corée, dramatiquement été rappelée à ma condition d’ immigrée, toute blanche soit-elle, lors du divorce du père de mes enfants, il y a 10 ans par exemple… Mère célibataire avec enfants à charge (Joohee a repris sur votre blog le sujet ; elle doit savoir de quoi je parle !), femme divorcée et stigmatisée je l’ai aussi ici été, et le tout a largement été médiatisé ! À ce titre, crois-moi, ma blanchité immaculée ne m’a alors pas été d’une grande utilité! Je me suis acharnée pourtant, j’ai toujours beaucoup travaillé et suis depuis largement revenue en grâce. Le temps et les faits ont fait leur œuvre ; mes origines et ma couleur de peau n’y sont pour rien ! Si l’histoire t’intéresse, ce dont je doute, les détails sont dans « Corée à cœur » ! <br /> Nicolas, je ne comprends pas ta méchanceté gratuite à mon endroit. <br /> Je refuse de servir d’exemple dans ces conditions. La référence (incomplète et biaisée) que tu fais à mon parcours est clairement diffamatoire. Aussi, à l’instar de Fabien Yoon, je ne souhaite donc pas voir son image associée à un article aussi mauvais qu’incomplet sur « le privilège blanc en Corée du Sud ». N’y vois glorieusement aucun « signe de la pertinence de tes écrits » même « d’un point de vue politique » ; sur ce coup-là, tu es pathétique. <br /> Je comprends enfin, pour aggraver ton cas, que la mauvaise rédaction qui nous occupe ci-dessus a déjà fait l'objet d'une lecture par toi-même sur le podcast De la friture sur les ondes dans le courant du mois de mai. J’en prends bonne note et attends là encore, un rectificatif en règle. <br /> Pour le reste, je t’engage donc urgemment à retirer de ton blog non seulement ma photo mais aussi les références mensongères me concernant sous peine de représailles juridiques. Fais-moi confiance, je ne lâcherai pas l’affaire ! <br /> Ida Daussy. <br /> Seoul, Corée du Sud – 10 juin 2020.<br /> PS : Sache que j’ai trouvé par hasard ton article sur un groupe concernant la Corée sur Facebook. Il a depuis été descendu pour « son caractère haineux » !
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N
Ida...<br /> <br /> Si vous le permettez, j'utiliserai pour vous répondre le vouvoiement et vous demanderais de faire de même si jamais vous souhaitiez prolonger les échanges. Il y a là je trouve la marque soit d'un énervement excessif, soit d'une condescendance à mon endroit que je trouve déplacée.<br /> <br /> Votre droit de réponse est on ne peut plus légitime. N'interprétez pas notre choix établi il a 7 ans d'une modération a posteriori comme une volonté de bâilloner votre accès à la parole, votre commentaire est désormais public et vous avez bien entendu le droit de ne pas être d'accord avec ce que j'écris. <br /> <br /> Il est très compliqué de reconnaître la part du privilège blanc dans ce que nous vivons, tant cette notion vient heurter la croyance du mérite qu'on nous inculque à l'école (croyance très forte en France et prétendument républicaine). Je le sais pour avoir eu du temps et des difficultés à écrire cette série d'articles alors que ma position était autrement plus précaire que la vôtre. C'est d'ailleurs sans doute pour cela que j'ai mis tant de temps à écrire cette série d'articles. J'imagine donc que depuis votre position sociale élevée vous devez me trouver très sévère. <br /> <br /> Je vais passer de côté vos procès d'intention à mon égard (ma supposée « frustration », ma « jalousie », un éventuel « problème avec les femmes » alors que comme vous le soulignez j'ai parlé de la carrière de Fabien Yoon dans le volet précédent de cette série et passe le plus clair de mon temps à parler de moi-même). Je vous demanderais également d'arrêter la stratégie discursive assez vulgaire qui consiste à vouloir opposer ma compagne (et sa « bonne » traduction) et moi-même et mon « torchon » qui ne vous plaît pas. Ce blog, nous l'éditons ensemble.<br /> <br /> Vous me parlez de diffamation alors que les faits que je relate à votre égard sont certes incomplets (votre droit de réponse permet néanmoins de corriger cet aspect que je concède) mais demeurent factuels : d'ailleurs ils ont été relevés sur des pages où vous vous racontez vous-mêmes, comme sur votre page facebook notamment. Dans ces conditions, je ne vois pas très bien comment ils pourraient être diffamatoires (où sont d'ailleurs les « références mensongères »?) Ce qui ne vous plaît pas, c'est qu'ils soient ici présentés sous un jour nouveau qui heurte la narration que vous vous faites de votre propre carrière.<br /> <br /> Cela ne va pas vous plaire, mais, comme pour Fabien Yoon, votre commentaire est pour moi le reflet de notre difficulté à penser et à objectiver notre blanchité. Considérer que je vous ai fait injure en rappelant simplement que la blanchité peut, dans certaines circonstances, constituer un passeport pour la notoriété est la marque d'un impensé. Pourtant, ce privilège, vous le reconnaissez à certains moments dans votre réponse (parait-il que c'est dans votre dernier livre), avant de conclure de manière contradictoire « mes origines et ma couleur de peau n’y sont pour rien ». Vous êtes quelque part entre la reconnaissance et le déni. <br /> <br /> Il y a plusieurs marques d'incompréhension du concept de privilège blanc dans votre réponse. Le fait de parler du privilège blanc dont vous avez bénéficié pour bâtir une notoriété ne revient pas à faire de vous une « méchante » ni à masquer les difficultés que vous avez pu rencontrer par ailleurs, notamment en tant que femme. Mais, comme vous l'écrivez, le simple fait que vos déboires au moment de votre divorce aient été médiatisés, marque un traitement différentiel dont tout le monde ne bénéficie pas. Ainsi, mon intérêt n'est pas de vous attaquer en tant que personne Madame Daussy (vous n'êtes pas aussi importante que cela), mais de me servir de votre exemple pour illustrer certains traitements de faveur afférents, selon moi, au privilège blanc dont bénéficient les expatrié-es. Cette une thèse à laquelle vous n'êtes pas obligée d'adhérer, mais que j'ai, il me semble, plutôt tenter d'étayer. C'est en cela que la discussion est politique et ne réside pas en une attaque ad hominem. De la sorte, il n'y a pas grand intérêt pour moi à lire vos 8 livres. Il est juste intéressant de mon point de vue, de souligner que vous avez eu l'opportunité de pouvoir écrire 8 livres. <br /> <br /> De la même manière, évoquer un éventuel « caractère haineux » dans mon article, c'est presque refaire le coup du racisme anti-Blanc et c'est surtout passer à côté du propos. Mais tout le monde ne lit les choses de la même manière. Autant mon article a pu, comme vous le soulignez, susciter du rejet (une réaction habituelle lorsque l'on tombe sur une parole hétérodoxe que l'on a du mal à comprendre), autant -sachez le- j'ai pu également recevoir des marques de gratitude et d'encouragement. Il nous faut reconnaître la possibilité de ces deux types de réactions opposées. Mais, être clivant, n'est-ce pas là l'essence même d'un discours qui, contrairement à ce que vous insinuez, n'est pas si vide que cela puisqu'il fait réagir ? <br /> <br /> Vous me posez la question : « pourquoi moi ? » Et je vous rétorque donc « pourquoi pas vous ? ». Auriez-vous été si véhémente et peu élogieuse envers mon travail si j'avais choisi de développer un autre exemple ? Votre réponse en donne parfois l'impression. Seulement voilà, comment parler du privilège sans les privilégiés ? Comment parler du privilège Blanc en Corée sans nommer les Blancs qui vivent en Corée ? Vous avez raison, il aurait été intéressant de compléter l'étude par une analyse des carrières et des images que se sont construites Timothy Ochuba, Sam Okyere ou Laure Mafo en Corée du Sud. Cela aurait d'ailleurs soutenu mon propos. Le problème c'est que je ne suis ni nigérian, ni ghanéen ni même français noir et donc bien illégitime pour donner mon avis sur leurs choix de carrière. J'ai voulu montrer que j'étais un bénéficiaire du racisme structurel, comment aurais-je pu émettre un quelconque avis sur les choix opérés par des individu-s qui le subissent! Une analyse rapide permet néanmoins de se rendre compte que les rôles qu'ils performent et qui leur permettent d'exister médiatiquement en Corée ne sont pas les mêmes que le vôtre : leur répertoire d'action est, disons, plus limité. Sam Okyere par exemple a fait une pub pour le chocolat Ghana. C'est à ces détails que l'on comprend ce que veut dire être blanc-he ou être noir-e.<br /> <br /> Toujours est-il que je trouve dommage que vous souhaitiez liquider la nécessaire discussion politique en menaçant d'une action en justice. Sachez néanmoins qu'après avoir consulter mon avocate, celle-ci ne trouve rien à redire au contenu de mon article. Elle rappelle également que vous êtes un personnage public et qu'en la matière nous avons le droit de vous critiquer. Elle rappelle également que la définition de la diffamation est la suivante : « porter atteinte à l'honneur ou à la considération d'une personne ». Aussi, j'aimerais que vous m'indiquiez à quel moment je vous « insulte en place publique » car je m'en voudrais d'avoir sombrer aussi bas. A titre personnel, je trouve votre réponse bien plus injurieuse que mon article (« prof bobo » ; « gosse irresponsable » ; « lâche et veule » et j'ai arrêté le relevé des insultes après les 10 premières lignes). Je passerai sur cela pour maintenir la discussion ouverte car, comme l'écrit Simone de Beauvoir « quand on se querelle, on ne raisonne plus bien ».